Améliorer sa position à cheval – Les grandes lignes

La position du cavalier à cheval est un facteur de réussite indispensable dans notre sport et quelle que soit la discipline pratiquée. La position parfaite est (presque) inatteignable. Tout d’abord parce que nous sommes tous très différents physiquement et nos chevaux aussi. Certains mouvements seront plus simples pour certains et il faut savoir l’accepter. Pour cela, rien de mieux que de connaître son propre corps pour améliorer nos défauts physiques pas à pas.

Pendant toute notre vie de cavalier, notre position évolue, et nous passons des caps. Le cavalier qui dit avoir obtenu la position idéale se trompe. Il y a toujours une façon d’améliorer son positionnement à cheval et les exigences s’affinent au fur et à mesure que vous progressez. Beaucoup de professionnels se sont intéressés au sujet, notamment avec différentes techniques comme l’équitation centrée.

Voici donc quelques conseils de base pour améliorer sa position quel que soit votre niveau à cheval. Prendre conscience de ce que l’on recherche est déjà un pas en avant. On pourra alors plus facilement se rendre compte des avantages qu’a notre corps et des petits défauts qu’il présente pour la pratique de l’équitation.

Le relâchement

Souplesse et décontraction

L’équitation est un sport qui doit se pratiquer dans le relâchement. En effet, plus vous êtes contracté, plus il est difficile pour vous de vous tenir correctement. Vos muscles ont du mal à suivre les mouvements du cheval, qui lui se raidit aussi en conséquence.

S’exercer à pied

Mais c’est en effet plus facile à dire qu’à faire. Et ce sont les pratiques à cheval mais aussi à pied qui vous permettront de progresser sur ce plan là. En effet, si vous êtes raide en général dans la vie, inutile de penser qu’une fois en selle vous serez relâchés. Il existe de nombreux sports complémentaires à l’équitation pour vous faire gagner en relâchement et en souplesse. Le yoga et la natation sont par exemple très recommandés. S’il n’est pas possible pour vous de les pratiquer, je vous conseille de planifier au moins des séances d’étirements avant et après avoir monté. Cela échauffe vos muscles et les prépare à l’effort puis les étire après le travail pour éviter les courbatures.

Un petit peu de mise en selle

Je sais, c’est un mot qui fait fuir tous les cavaliers… Mais malheureusement, il est essentiel de passer par là. La mise en selle est un moyen très efficace de vous faire progresser et de vous faire gagner en relâchement. Les premières séances seront une torture je ne vous le cache pas. Mais quoi de mieux pour descendre sa jambe que de trotter sans étriers ? Pour ouvrir ses hanches que de faire des montées de genoux ? On est tous passés par là. Et une fois nos années de club terminées, il est rare que l’on continue à s’infliger ce genre de séances. Pourtant, il faudrait !

Le corps a besoin d’un travail régulier pour s’adapter à de nouvelles situations. C’est à force de travail que l’on peut progresser. L’idéal est de faire par exemple une dizaine de minutes de mise en selle par séance plutôt qu’une grosse séance par semaine. Cela vous aidera à être plus relâché dans votre coeur de séance.

Et puis en vrai, on a tous déjà remarqué qu’après avoir bien souffert, on est quand même beaucoup mieux positionnés à cheval et beaucoup plus déverrouillés !

La tonicité

Relâché oui, mais tonique aussi !

Et c’est le moment où on prend conscience de la complexité de notre sport… Relâché dans la tonicité hum… Et oui, c’est là toute la difficulté. Sans être raide pour autant, le cavalier doit être suffisamment tonique pour assurer sa stabilité et son équilibre tout en suivant les mouvements de son cheval. Cela demande d’être gainé au niveau de la ceinture abdominale et du bas du dos. Attention tout de même à penser à relâcher les épaules et à les descendre pour décontracter les bras. Nous y reviendrons dans un second temps, mais ce qui est le plus dur c’est de dissocier les parties du corps.

S’exercer à pied

Concernant la tonicité du corps, là encore le yoga et la natation sont recommandées. On peut également penser à la musculation, aux séances d’abdos fessiers et de gainage. En effet, le gainage permet aux muscles de se contracter dans la résistance, sans faire appel au cardio. C’est globalement ce que l’on va retrouver à cheval. Cela va également vous permettre de prévenir du mal de dos en renforçant votre tronc.

Comme pour tout, je vous conseille de brèves séances régulières plutôt que des séances intenses mais rares. En plus de ne pas être très efficace, vous risquez d’être très courbaturés et donc très raides à cheval.

Un petit peu de mise en selle

Et oui encore elle. Vous l’aurez compris, on ne peut pas y échapper. Pour le relâchement on cherche plutôt le mouvement du cavalier comme on a pu le voir. Pour la tonicité, on va principalement jouer sur le mouvement du cheval. C’est-à-dire lui demander beaucoup de transitions par exemple pour gagner en stabilité grâce à la tonicité. Sans étriers, rapprochez vos transitions galop-trot-galop par exemple. Les premières risques de vous faire rebondir telle une crêpe dans une poêle. Mais au fur et à mesure vous trouverez les parades pour encaisser les mouvements.
Je vous conseille de commencer par de la mise en selle de relâchement pour finir par de la mise en selle de tonicité. Les deux sont évidemment très complémentaires pour améliorer la position du cavalier. En revanche, si vous inversez l’ordre, vous risquez d’être contracté. Et même tonique, il sera très compliqué d’encaisser les mouvements dans la raideur.

La symétrie

Comme les chevaux, les Hommes sont aussi dissymétriques

La symétrie est extrêmement importante et pourtant, on ne l’aborde que très peu souvent lorsque l’on parle de position du cavalier. Comme les chevaux, les humais sont tous dissymétriques. C’est-à-dire que l’on évolue pas de la même façon à droite qu’à gauche. Malheureusement, beaucoup de cavaliers n’en ont pas conscience, ce qui entrave leur progression.

La dissymétrie du cavalier peut aller jusqu’à créer des gènes voire des lésions chez son cheval. En effet, si vous avez en permanence plus de poids d’un côté que de l’autre, ou plus de contact sur une rêne que l’autre, vous risquez de bloquer votre cheval. Sur le long terme, cela risque de vous poser beaucoup de problème.

La dissymétrie existe chez tout le monde, mais elle peut aussi se travailler pour tenter au maximum de la contrôler. Mais pour cela, encore faut-il en avoir conscience.

Travailler à pied

Pour comprendre comment fonctionne notre corps, il faut nous y intéresser. Pour cela, dans vos séances d’étirements, vous devriez déjà vous rendre compte du côté qui est le plus simple pour vous. C’est déjà une information très importante sur votre corps. Certains mouvements peuvent être plus simples à droite et d’autres à gauche en fonction des muscle et ligaments que vous sollicitez.

Vous pouvez également tourner sur vous même sans réfléchir. Dans quel sens êtes-vous partis ? Quelle jambe mettez vous naturellement en avant si vous vous imaginez sur une planche de surf ? Tous ces éléments sont des indices pour comprendre le fonctionnement de votre corps.

Comme pour tout, à force de travail, vous pourrez améliorer votre côté faible. Même si la dissymétrie sera toujours présente, son degré sera moindre.

Un petit peu de mise en selle

A cheval, essayez de sentir comment votre corps se comporte naturellement. Nous reparlerons du ressenti sous la selle à proprement dit juste après. Mais pour le moment essayez de ressentir sur quelle fesse vous avez le plus de poids, sur quel étrier, quelle épaule est plus haute ou avancée que l’autre, quel poignet se casse, quelle hanche est plus ouverte que l’autre, etc. Je vous conseille de faire cet exercice les yeux fermés (si vous avez un cheval qui vous le permet) car cela décuple les sens.

Faire cet exercice vous permet de prendre conscience de votre corps d’une part, et de la différence qu’il existe entre tous les cavaliers. Le fait de penser qu’il n’existe qu’une seule position pour toutes les morphologie est un mythe dangereux. Forcer un corps à rentrer dans un moule non adapté crée des douleurs à terme. Ce n’est pas pour autant qu’il faut se trouver des excuses permanentes. « Oui mais moi je ne peux pas parce que j’ai la hanche comme si ou l’épaule comme ça ». Si tu peux, mais à ta façon. Tu peux trouver un moyen d’améliorer ton geste pour qu’il gène moins ton cheval. Simplement, si ce n’est pas exactement comme dans le livre des Galops ce n’est pas un drame. L’important c’est de se donner les moyens de progresser, d’avancer, tout en prenant en compte son cheval et ce qu’il ressent sous notre selle.

La petite histoire

Personnellement je suis un cas de dissymétrie comme tout le monde 😉 . Et je n’ai toujours pas réglé cela. En revanche, j’en ai pris conscience. Je sais notamment que j’ai beaucoup plus de poids sur mon étrier droit, que mon coude gauche s’écarte naturellement et que mon poignet se casse. Je le sais, et si je n’y pense pas, je le fais constamment. C’est comme ça que mon corps fonctionne et se sent bien. Mais j’y pense, le plus souvent possible pour y remédier. J’essaye de me mettre en suspension en appuyant en priorité sur mon pied gauche, je sais que le droit suivra. Je pense à mon coude gauche aussi souvent que possible (surtout à main droite). Je n’ai peut-être pas la position idéale mais je travaille à avancer vers du mieux, chaque jour.

Le ressenti

Le graal absolu

Le ressenti a une part très importante dans la position du cavalier. Il s’acquiert avec énormément de temps. C’est lui le plus compliqué à faire évoluer parce qu’il nécessite encore plus d’heures de pratique que les autres facteurs. Une position académique c’est déjà très bien, mais si elle ne repose pas sur le ressenti, elle n’est pas efficace.

Ressentir le mouvement du cheval c’est faire corps avec lui. Cela peut être dans un mouvement stable (il marche au pas) ou dans une modification de mouvement (transition du pas vers le trot). Lorsque notre ressenti est suffisamment développé, notre corps est capable d’anticiper chaque mouvement ou modification de mouvement. On peut alors stopper quelque chose pour repartir en une fraction de seconde dans autre chose. Les muscles, les ligaments, les parties du corps sollicitées sont différentes et utilisée de façon parfois opposée. C’est là toute la beauté de ce sport. Le ressenti n’est jamais assez développé.

Travailler à pied

Pour augmenter son ressenti, il faut principalement travailler à cheval. Mais il existe quelques exercices de réflexes permettant au corps de s’habituer aux réactions subites. On peut notamment s’entrainer à relâcher la pression. Je demande à mon cheval, il s’exécute, je relâche. Cela demande au corps d’avoir des réflexes suffisamment fins. Vous relâchez trop tard et votre cheval est perdu. Il ne sait plus si c’était la bonne réponse ou non.

Les réflexes peuvent se travailler avec une balle de tennis par exemple. Vous demander à un ami de faire un bruit « Top » et vous lâchez la balle de votre main. Plus vous vous entraînerez, moins le temps entre le « Top » et votre lâché sera long. Il existe une multitude de façon de travailler cela.

Un peu de mise en selle

Mais pour le ressenti, rien de mieux que de travailler à cheval. Ce sont des heures et des années de pratique qui vous aideront à progresser sur cette aspect. Mais pour cela il faut avoir conscience de ce que vous cherchez. Si vous montez à cheval sans y penser, certes votre corps va emmagasiner de l’expérience, mais beaucoup moins que si vous étiez vraiment connectés à votre quête. Essayez toujours d’être le plus juste possible et évaluez vos performances. Se tromper c’est le quotidien de tout le monde. Mais avoir conscience d’où vient réellement l’erreur est beaucoup plus formateur. Est-ce que ma transition est ratée parce que je n’ai pas suffisamment rassemblé mon cheval ? J’avais trop de mains ? Mon poids du corps était-il réparti correctement ? Posez-vous la question et recommencez jusqu’à trouver la réponse. Si vous ne la trouvez pas, demandez de l’aide, n’épuisez pas votre cheval… 😉

La dissociation des aides

Oh My God…

Aïe… On le voit bien chez les cavaliers peu expérimentés. S’ils se concentrent sur une partie de leur corps, le reste se dérègle totalement. C’est très compliqué d’utiliser les parties de son corps différemment. Regardez un cavalier débutant trotter enlevé, ses mains trottent enlevé avec lui.

La dissociation des aides est compliquée à acquérir car elle nécessite de rassembler tous les facteurs précédents. On ne peut dissocier ses aides et avoir une bonne position sans être relâché, tonique, symétrique et conscient.

Travailler à pied

On peut travailler à pied la dissociation des aides en essayant de faire faire à nos deux bras, deux choses totalement différentes par exemple ou à un bras et une jambe. Vous verrez que c’est extrêmement difficile. Je ne sais pas si cela améliore vraiment quelque chose dans la position à cheval. Mais cela a au moins le mérite de mettre en évidence la difficulté pour le corps de fonctionner différemment dans un même moment.

Un peu de mise en selle

Mauvaise nouvelle, la dissociation des aides peut très bien se travailler par la mise en selle aussi ! Notamment avec des exercices qui incluent de travailler un membre d’une certaine façon, puis l’autre pour ensuite terminé sur un mouvement où chacun travaille différemment. On inclura ensuite chacune des aides. L’important est d’être conscient de chacune des parties de son corps. Ses mains, ses jambes, son dos, son poids du corps. Au départ vous devrez y penser pour faire correctement les exercices, puis votre corps s’habituera et cela deviendra de plus en plus fluide.

En bref,

Vaste programme

La position se travaille pendant toute la vie d’un cavalier. Elle fait appel à des facteurs qui semblent parfois presque opposés. Seuls les entraînements à pied et à cheval pourront vous permettre de progresser. Même s’il est vrai que certains physiques se prêtent plus que d’autres à la pratique de l’équitation, chacun est capable de progresser. Il faut cependant être conscient de son corps.

Pour progresser à cheval, je vous conseille également cet article. Basé sur les métaphores qui font appel au ressenti et améliorent également la position.

Si vous ne le faîtes pas pour vous, faîtes le pour votre cheval 😉

Je vous souhaite bon courage et je vous dis à très vite,