Oser sortir de la position académique

Je vous rassure tout de suite, dans cet article, je ne prônerai pas le fait de faire n’importe quoi et de balayer d’un revers de main tout ce que l’on a pu apprendre jusque-là. Je suis extrêmement attachée à la position car je pars du principe que c’est aussi grâce à elle que l’on rend l’équitation confortable pour nos chevaux. Un cavalier qui se tient bien à cheval ne fera pas mal à son cheval et lui rendra les choses plus claires et plus faciles.

En revanche, je reproche parfois à l’approche académique sa façon d’être enseignée. Il n’est pas rare d’entendre des enseignants demander à leurs élèves d’être la copie conforme d’un livre de galop et de rester (figés) dans cette position parce que c’est LA bonne ! Je trouve important de prendre en considération le cavalier dans sa singularité. En effet, entre un cavalier garçon, fille, grand, petit, à la cuisse ronde ou sèche, à l’orientation du bassin comme ci ou comme ça il y a une réelle différence une fois à cheval.

J’ai personnellement beaucoup souffert de cela. On a essayé de me bloquer dans des positions qui me faisaient atrocement mal pour que je me tienne correctement ! Mais en dessous, le cheval ne fonctionnait pas bien parce que certes j’avais ladite position, mais oh mon dieu ce que j’étais contractée !

Je ne dis pas non plus qu’il ne faut pas souffrir un peu pour bien monter à cheval. Mais il y a la souffrance musculaire d’une part qui demande un effort physique et la souffrance corporelle qui vous coince dans une position dans laquelle votre corps ne peut naturellement pas rester.

Connaître son corps

La première condition est de très bien se connaître. Cela va vous permettre de pouvoir jauger de ce qui est faisable par votre corps ou non. Est-ce que ce mouvement me demande un effort musculaire ou de souplesse ? Comment est-ce que je peux le travailler (dans un premier temps à pied) pour m’améliorer ?

Quels sont mes points forts ? 

Avoir conscience de si vous êtes souples, raides, musclés, gainés ou non est déjà un grand pas vers l’amélioration de votre position à cheval. 

Et mes points faibles ?

Prenez également en compte ce qui peut vous poser problème dans la pratique de l’équitation. Par exemple, si vous avez une hanche ou le bassin assez rigide, le dos très cambré, si vous êtes très grand ou très petit, etc. Notez cela, mais ce n’est pas une fin en soi. On peut tous monter à cheval correctement si on prend le temps d’écouter et de découvrir notre corps. On peut alors le mettre à contribution dans la juste écoute de soi et dans le respect de son cheval.

Une fois que vous avez fait le tour de vos points forts et faibles déjà à pied, vous pouvez alors également établir une liste de ce que vous pouvez travailler pour les améliorer et ce qui ne peut pas être changé chez vous. 

Par exemple, vous pouvez travailler votre souplesse mais pas modifier l’orientation de votre bassin. Mais il existe tout de mêmes des solutions pour limiter vos “défauts” qui ne seraient pas modifiables. 

Choisir sa selle en conséquence

Si vous faites appel à un bon sellier, il sera d’excellents conseils pour vous aider à trouver une selle qui vous convient et qui convient à votre cheval. Notamment, il vous proposera des selles qui vous permettent d’évoluer en prenant en compte votre corps qui ne peut pas être changé.
Pour prendre mon exemple personnel, j’ai de très long fémurs qu’il faut bien que je case quelque part. Je suis donc obligée d’utiliser des selles avec de grands sièges pour pouvoir me reculer ! Au départ je ne trouvais pas ça très flatteur mais je me sens tellement mieux à cheval. Et mon cheval se déplace avec beaucoup plus d’aisance. 

Il existe donc des solutions pour chacun, encore faut-il accepter d’être différent les uns des autres.

Utiliser son corps dans son intégralité

La position ne réside pas juste dans le fait de positionner une partie de notre corps de telle ou telle façon. La position du cavalier à cheval englobe également la manière dont il fonctionne avec le mouvement de son cheval. Comment est-ce qu’il suit le rythme du pas, du trot, du galop, au-dessus du saut ?

Cela s’apprend à force d’expériences, en travaillant son équilibre dans des situations de plus en plus complexes. Mais l’on oublie souvent que cela vient également de notre respiration et de ce que notre corps peut nous donner.

Respiration & écoute de soi ainsi que de son cheval

C’est typiquement ici que je considère que de se figer dans une image de “la position idéale” comme celle dans les livres peut être un peu dangereux. Notre respiration nous permet de nous reconnecter à nous-même et à notre corps (vous pouvez trouver des exercices juste ici). Elle nous aide également à trouver notre centre de gravité, notre centre d’énergie et à écouter les mouvements de notre corps. Il arrive, que selon votre morphologie, vous suiviez mieux votre cheval en reculant légèrement votre centre de gravité par exemple. Peut-être que visuellement vos talons ne seront pas parfaitement alignés à votre hanche (de peu hein !). Et pourtant c’est comme cela que votre corps vous permettra d’être le plus juste possible et à votre cheval de se déplacer le plus aisément. 

C’est toute la subtilité de notre sport. Rester en place tout en écoutant ce dont notre corps et notre cheval ont besoin. In fine, de l’extérieur, il y a fort à parier que votre position soit très agréable à regarder, vous ne ferez qu’un avec votre cheval. Seulement pour arriver à cela, il faut que vous acceptiez de lâcher la vision de la position parfaite que vous rechercher certainement dans la crispation… La route est longue et infinie quel que soit le niveau de cavalier que vous ayez. C’est un travail de chaque instant lorsque vous êtes à cheval. Alors courage et faites-vous confiance !
L’avantage ici, c’est que votre cheval vous dira très vite si vous êtes dans le vrai ou non. Mais pour cela, il faut prendre le temps de le sentir se déplacer sous votre selle !

La symétrie du corps

Le cheval et l’humain sont assymétriques. C’est-à-dire qu’ils n’utilisent pas de la même manière leur corps des deux côtés (en terme de force, de répartition de poids et de souplesse). Mais bonne nouvelle, pour tous les deux il existe des solutions pour travailler cela et aller au plus proche d’un équilibre entre les deux côtés.
Ici, nous nous intéressons au cavalier. 

Vous êtes-vous déjà demandé sur quelle fesse vous mettiez le plus de poids une fois en selle ? Sur quel pied ? Dans quelle main vous aviez le plus de contact ? Quelle épaule était plus haute que l’autre ? Quelle hanche était plus ouverte ?

Tout le travail de la correction de votre assymétrie commence ici. D’abord ressentir ce qui est existant et naturel pour vous habituellement. Prenez le temps, à chaque début de séance de faire une lecture totale de votre corps et de vous intéresser à cela. Vous verrez, certaines choses reviennent souvent, tandis que d’autres sont propres à des séances. [Encore plus d’astuces pour améliorer votre position par ici].

Une fois que vous aurez pris cette habitude, vous pourrez alors commencer à travailler sur cela. Si vous avez conscience de cette dissymétrie, vous pourrez rectifier vos actions. Par exemple, avancer “exagérément” une hanche dans votre départ au galop si c’est celle la plus fermée, relâcher un bras en particulier, etc.
Comme pour le reste, c’est un travail de longue haleine mais qui apporte tant à la fin. A la fois au cavalier mais également au cheval qui peut se déplacer plus librement et avec le moins de compensation possible.
Car outre le fait que vous soyez plus clairs, précis et efficaces lorsque vous êtes symétriques, vous améliorez également le confort de votre cheval. Nos chevaux compensent en permanence notre dissymétrie qui s’ajoute à la leur. Cela, à force, peut créer des lésions chez eux. 

Le centre de gravité

Une autre notion très importante dans la position est le centre de gravité du cavalier (par rapport à celui de son cheval). En fonction de notre morphologie, et surtout de notre taille, le centre de gravité ne se situe pas au même endroit. Avez-vous déjà observé un cavalier très grand se mettre en équilibre ? Il est obligé de reculer particulièrement son bassin et de basculer le haut du corps pour garder son équilibre. L’exemple le plus connu reste William Fox Pitt.

Prendre le temps de sentir où se situe votre centre de gravité et comment “bouger autour” pour ne pas perdre l’équilibre et être efficace est essentiel. Il existe une multitudes d’exercices pour cela, que nous verrons dans un autre article. Mais déjà en prendre conscience, accepter de laisser de côté la position très académique et écouter ce que votre corps vous dit, ainsi que la réponse de votre cheval est un grand pas en avant.

Une fois que vous aurez bien ressenti cela, alors vous pourrez jouer avec votre bassin et votre centre de gravité pour alterner et varier les allures de votre cheval avec le plus de légèreté possible.

Vaste programme, n’est-ce pas ?

J’espère que cet article vous aura plus et vous donnera à la fois des axes de réflexion et de travail avec vos chevaux. La position reste centrale dans notre sport mais il me paraît indispensable de l’aborder dans l’individualité de chacun. Et pour cela, qui de mieux placer que vous pour écouter votre corps ?