Comment éduquer mon cheval ?

Eduquer un cheval est une réelle responsabilité. En tant que cavalier confirmé, nous avons le rôle d’entraîneur, de coach, de professeur. Chaque jour, nous devons redoubler de patience, de bienveillance mais également d’exigence pour faire progresser et avancer nos chevaux dans leur dressage et dans leur éducation.

Mais pour cela, comment peut-on si prendre pour ne pas risquer de mal faire, de brûler les étapes, de mettre son cheval dans l’incompréhension ?

Il est d’ores et déjà important de vous le dire, vous vous tromperez, beaucoup, mais ce n’est pas grave, si et seulement si, vous savez apprendre de vos erreurs et vous remettre en question. Vous vous tromperez parce que d’un cheval à l’autre les méthodes seront différentes, car d’un jour à l’autre leurs humeurs ne seront pas les mêmes et les vôtres non plus. Mais vous progresserez ensemble si vous prenez le temps de comprendre votre cheval et continuez sans cesse à vous former, à essayer, à réfléchir et à ne jamais penser que vous êtes arrivés au bout du chemin et que vous avez trouvé LA METHODE. Il n’existe pas de méthode unique pour éduquer les chevaux, tout comme il n’en existe pas non plus avec les humains…

L’apprentissage

Comment est-ce que le cheval apprend ?

Je souhaitais commencer cet article avec un bref rappel sur la façon dont les chevaux apprennent.  Pour simplifier les choses, nous parlerons ici de 4 grandes familles d’apprentissage : L’apprentissage par habituation, par association, par sensibilisation et par désensibilisation (ou par immersion).

Vous pouvez retrouver de façon détaillée les types d’apprentissage dans le livre de l’IFCE.

L’apprentissage par habituation

Comme son nom l’indique, cet apprentissage est lié au fait que le cheval s’habitue à quelque chose de répété régulièrement. Le fait d’être confronté constamment à une même situation et/ou à un même objet, le cheval fini par réagir de façon de moins en moins vive.

Par exemple, si votre cheval entend des nuisances sonores de tracteurs toute la journée dans l’écurie, il y a fort à parier qu’il finisse par s’y habituer et à ne plus montrer de signes de stress en entendant ce type de bruit. Attention en revanche, si d’un coup le volume s’intensifie et qu’il n’y est pas habitué, il pourrait à nouveau manifester de l’inquiétude.

L’apprentissage par association

Le cheval apprend beaucoup en associant un geste, un bruit, à une action. Notamment, lorsque vous fouillez dans votre poche, votre cheval a tendance à tourner la tête vers vous en attendant que vous lui donniez une friandise. Il a associé votre poche, à une récompense.

C’est aussi dans cet apprentissage par association que l’on retrouve les notions de renforcements positif et négatif. Attention, ce n’est pas parce que l’on parle de « positif » et de « négatif » que l’un est meilleur que l’autre. Ce sont des termes techniques et sans jugements de valeur.

Renforcement négatif

Il consiste à présenter au cheval une sensation peu agréable pour que celui-ci tente de s’en soustraire en vous donnant la bonne réponse. C’est comme cela que fonctionne la plupart des aides en équitation. Je serre mon bas de jambes pour que mon cheval avance. Pour se soustraire à cette pression, mon cheval avance, et je peux relâcher mes jambes car il m’a donné la bonne réponse. C’est la même chose pour s’arrêter, pour se déplacer latéralement, etc.

L’important ici, est d’avoir en tête que pour obtenir de la légèreté dans votre équitation, il est recommandé de procéder par phases. Si nous prenons l’exemple de l’arrêt :

  1. Se rapprocher de son cheval
  2. Redresser son dos
  3. Fermer les doigts sur les rênes

Au départ, vous aurez besoin d’enchaîner ces trois actions pour que votre cheval comprenne ce que vous souhaitez. Mais si vous gardez cette rigueur, votre cheval finira par répondre dès votre premier signal (le fait de serer les fesses) et vous obtiendrez un cheval léger, en confiance, et une main douce. Vous pourrez retrouver ces notions dans un précédent article sur la progression du cavalier.

Renforcement positif

Avec ce type de renforcement, c’est l’inverse. On va utiliser un stimulus agréable pour motiver son cheval à bien faire. C’est par exemple l’utilisation de friandises, ou de la voix qui le récompense, ou encore du clicker training. L’exemple typique, est l’utilisation d’une carotte pour aider son cheval à faire une séance de stretching. Je place la carotte ou la friandise à l’endroit où je souhaite que mon cheval étire son bout du nez (vers la hanche par exemple). Il est alors motivé par la carotte pour réaliser l’exercice correctement et aller suffisamment loin dans son étirement pour pouvoir la manger. Attention à ne pas en demander trop d’un coup et à être très progressifs dans vos étirements.

L’apprentissage par sensibilisation

Cet apprentissage est souvent lié à une peur provoquée par un élément précis. Typiquement, lorsque votre cheval montre un signe d’inquiétude répété face aux mêmes situations, il a certainement vécu précédemment un traumatisme. Par exemple, les chevaux qui ont du mal à croiser les autres sur les paddocks de concours, sont la plupart du temps des chevaux qui se sont fait rentrer dedans une fois, voire même attaqués. Lorsque la situation se présente à nouveau à eux, ils ont tendance à suréagir pour s’éviter une nouvelle mésaventure. Il faut alors mettre en place une approche de désensibilisation au stimulus.

L’apprentissage par désensibilisation (ou par immersion)

C’est l’apprentissage qui va vous aider à rendre moins effrayant un stimulus auprès de votre cheval. L’exemple précédent s’y prête tout à fait, mais on peut parler plus couramment encore de la désensibiliation au bruit. On voit beaucoup en équitation éthologique de désensibilisation au sac plastique. Cela permet au cheval de s’habituer au fur et à mesure à un stimulus visuel et sonore. Le principe est simple, lorsque l’on agite le sac plastique, si le cheval bouge on continue, dès qu’il s’arrête on cesse l’action. Il pourra alors associer le fait de rester immobile à la récompense (du fait que l’on arrête le sac).

Eduquer son cheval

Quelles sont les règles fondamentales ?

Comme je vous le disais précédemment, il n’existe pas de méthode type que l’on pourrait réutiliser à l’infini sur tous les chevaux du monde. En revanche, il existe de grands principes qui vous aideront à encadrer votre cheminement et vous permettront d’éduquer votre cheval petit à petit.

L’état d’esprit

Soyez le référent de votre cheval

En tant que cavalier, vous incarnez pour votre cheval son guide, son référent. Dès que vous serez en sa présence, vous lui renverrez une certaine image qui lui permettra de se sentir en confiance, ou au contraire de se méfier de vous. Cela constitue la base pour éduquer correctement son cheval, la confiance avant tout.

Les chevaux ont une très bonne mémoire concernant les éléments qui les troublent. Il faut donc toujours avoir à l’esprit qu’un mauvais épisode peut vous faire faire 3 pas en arrière. Il y aura bien entendu de bonnes séances et de moins bonnes séances, mais les éléments très perturbateurs pour le cheval peuvent altérer sa bonne évolution.

C’est toujours important d’avoir ces notions en tête pour être le plus juste possible, bienveillant et patient.

L’état physique

Disponibilité et énergie basse

C’est humain, nous ne sommes pas toujours dans une forme olympique. Les éléments extérieurs de notre vie peuvent énormément jouer sur notre mental et sur notre humeur.

Pour avancer avec nos chevaux, nous devons être à 100% dans le moment présent, avec eux et ne pas être parasité par d’autres choses. Vous ne pourrez éduquer un cheval que si vous êtes disponible complètement.

Lorsque vous sentez que vous êtes particulièrement vulnérable, stressé, fatigué, irrité, je vous conseille de reporter vos séances ou en tout cas de les adapter. Si vous aviez prévu une séance intense ou particulière ce jour-là, n’hésitez pas à la reporter au lendemain. Prenez du temps avec votre cheval, pansez-le, emmenez-le brouter ou en balade, peu importe.

Sinon, vous risquez de ne pas être « juste » dans vos demandes et dans vos réactions. Vous serez certainement moins patients, moins cohérents et votre cheval ne le comprendra pas. Cela risquerait d’altérer votre relation, surtout si ce type de comportement se répète souvent.

Les chevaux nous apprennent aussi beaucoup à prendre sur nous et à faire le vide. Nous pourrons évoquer cela dans un prochain article. Cependant, si vous ne vous en sentez pas encore capable, mieux vaut décaler la séance au lendemain.

Avancer le plus vite possible

Avancer c’est d’abord ne pas reculer

Il y a tellement de cavaliers pressés d’évoluer, qui brûlent les étapes et le paient plus tard. Ils sont sortis en concours, mais leur cheval n’est pas suffisamment éduqué.

Il est difficile de trouver un juste milieu entre demander suffisamment pour progresser et ne pas trop solliciter son cheval au risque de perdre sa confiance.

L’idéal est de pouvoir travailler souvent, sur de petites séances. Cela permet de demander peu, mais précisément, et régulièrement.

Il est préférable de faire 5 petites séances par semaine que deux grosses séances. Le cheval apprendra beaucoup mieux, d’autant plus que d’un jour à l’autre, j’ai pu remarquer qu’il y avait comme une assimilation. Je ne crois pas que cela soit prouvé scientifiquement mais j’ai pu noter que quelque chose de compliqué à assimiler la veille peu être beaucoup plus vite obtenu le lendemain. Par exemple, sur une séance de travail à pied où vous souhaitez apprendre à votre cheval à reculer. Cela peut vous sembler un peu laborieux, et le lendemain, beaucoup plus aisé.

Le cercle vertueux

Qui peut le plus peut le moins

Ce cercle vertueux de l’apprentissage est prouvé scientifiquement et montre qu’un cheval stimulé régulièrement apprend et assimile de plus en plus vite les exercices qu’on lui propose. De plus, au fur et à mesure qu’il progresse dans les exercices complexes, il réalise de façon très précise les exercices de base.

Eduquer son cheval est donc de plus en plus facile au fur et à mesure que vous avancerez avec lui. Cela est aussi dû au fait que vous vous connaîtrez de mieux en mieux.

De la cohérence pour une meilleure communication

Cohérence, justesse, exigence pour éduquer au mieux

La cohérence est le maître mot de l’apprentissage et de l’éducation du cheval. Cela veut dire que vous demanderez les choses de la même façon en permanence pour ne pas brouiller votre cheval. Par exemple à la longe, il existe différentes façons de passer la chambrière pour les transitions descendantes. Restez cohérent, si vous avez choisi de passer votre stick en dessous de votre longe, à chaque transition, vous devrez effectuer ce geste ainsi qu’utiliser votre voix. Si vous differsifiez trop vos demandes, vous risquer de perdre votre cheval.

Notez également que le fait d’être juste par rapport à votre cheval tout en gardant un niveau d’exigence suffisant, vous permettra d’avancer en gardant sa confiance.

Des séances préparées

Programme de travail et plan de séance

Je vous recommande vivement de vous construire un programme de travail avec des séances données, des objectifs à atteindre, etc. Cela permet de cadrer son travail et de préparer des séances cohérentes. Le lien d’une séance avec une autre est primordial pour faire évoluer son cheval dans le bon sens.

Attention, comme on l’a vu précédemment, vous pourrez modifier exceptionnellement ce programme si vous ne vous sentez pas en forme. C’est une des règle fondamentale pour éduquer son cheval.

Mais l’écrire et l’avoir à portée de main vous permet de cadrer votre entraînement. Vous savez à chaque séance ce que vous souhaitez travailler. Si cela est clair pour vous, ça aidera votre cheval à mieux comprendre. Si vous même vous ne savez pas où vous allez, ce sera compliqué d’être un référent de confiance auprès de votre cheval

La définition d’un programme de travail pourra faire l’objet d’un prochain article si cela vous intéresse.

En Bref, 

J’espère que ces rappels et conseils auront pu vous aider dans votre évolution et vous auront donné des clé pour éduquer votre cheval.

La difficulté de ce sport est d’en faire suffisamment sans brûler les étapes. Certains ont une tendance à ne pas oser demander, d’autres à être trop impatients et trop exigeants tout de suite. Trouver le juste milieu est une quête de chaque instant.