Me rapprocher de mon cheval grâce à mon corps

Dans l’article précédent, nous avions évoqué l’une des raisons pour lesquelles nos chevaux peuvent être différents d’un jour à l’autre. En effet, nos émotions jouent un rôle très important ici. Si vous n’avez pas lu le précédent article, je vous invite à le faire pour mieux comprendre celui-ci et pourquoi il est si important de savoir reconnaître ses émotions et de comprendre son corps.

Dans ce nouvel article, nous allons aborder le fait de comprendre, reconnaître et gérer ses émotions pour notre propre bien-être d’abord (car penser à soi est aussi important) et pour la relation que nous tissons au fil du temps avec nos chevaux. 

Qui n’est jamais arrivé aux écuries stressé par sa journée de travail, agacé par son patron ou triste à cause d’un événement ? Qui n’a jamais senti qu’il était à fleur de peau et que la séance avec son cheval était naturellement différente de lorsque tout va bien ? Je suis sûre que vous êtes nombreux à vous reconnaître ici.
En revanche, qui a déjà pris le temps de “désamorcer” cette émotion ? De s’accorder un moment pour la comprendre, l’accepter et la laisser s’envoler ? Moins de monde je pense… Et moi la première, je n’avais pas pour habitude de prendre du temps pour cela. Déjà parce que je me mentais un peu à moi-même en mode “c’est bon c’est passé, pas besoin d’en faire tout un truc”. Aussi parce que je ne savais pas gérer cela, je n’avais pas de solution concrète.

C’est tout l’intérêt de cet article. Vous aider à comprendre comment on peut gérer ses émotions pour une meilleure relation avec votre cheval.

Prendre le temps

Je vous entends d’ici… “Nan mais elle est sympa mais moi quand je vais voir mon cheval c’est après le boulot, il est déjà super tard. Je me speed déjà de dingue donc prendre mon temps c’est utopique !” 

Je connais la réalité du terrain, et pourtant prendre du temps pour soi c’est très souvent en gagner par la suite. Alors je m’e m’explique : si vous prenez du temps pour gérer vos émotions, c’est du temps de gagné lors de votre séance. Votre cheval sera certainement beaucoup plus disponible que si vous n’aviez pas fait ce travail sur vous. Au final, vous gagnez du temps et de l’énergie que vous n’avez pas usée à batailler avec votre cheval.

Pour prendre ce temps, l’idéal est de l’ancrer dans votre quotidien aussi souvent que possible. Notamment dès que vous arrivez aux écuries, cela peut être le moment idéal où vous posez les choses. Vous verrez, l’exercice est simple et plus vous le pratiquez souvent plus il est rapide à réaliser. 

Prendre conscience de soi et de son corps

L’exercice ici est simple sur le papier et pourtant nous n’avons tellement pas l’habitude qu’au départ il demande un peu d’effort. On peut appeler cela une lecture du corps. Elle permet de prendre conscience de plusieurs choses comme :

  • Sa respiration
  • Les sensations de son corps
  • Sa posture
  • Ses émotions

Positionnez-vous plutôt debout, les pieds ancrés dans le sol et les jambes écartées à la largeur du bassin environ. Fermez les yeux et parcourez chacune des zones de votre corps mentalement. Notez simplement la sensation que vous avez de chacune des parties de votre corps.

Le haut de votre crâne : est-il relâché ? Tendu ?

Votre front : est-il plissé ? Détendu ?

Vos yeux : Est-ce que vous devez forcer pour les fermer ? Se ferment-ils tout seuls ?

Votre nez : Comment est l’air qui entre et sort ? Frais, chaud ?

Vos oreilles : Portez attention aux sons que vous distinguez, en entendez-vous des nouveaux ? Est-ce qu’une oreille entend mieux que l’autre ?

Vos joues, vos lèvres, votre bouche, votre langue (sur le palais ? sur vos dents ?), votre cou, vos épaules, votre plexus, votre poitrine, votre ventre (l’air qui entre et sort), vos hanches, votre dos (vertèbres après vertèbres), vos bras, vos avant-bras, vos mains.

Puis votre coccyx, vos cuisses, vos genoux, vos mollets, vos pieds (du poids sur l’avant ? ou sur les talons) ?
Demandez-vous si vous êtes symétriques ? Si vous avez le même poids dans chaque genou, dans chaque main, etc.

Faites simplement ici une lecture de votre corps et portez attention à vos tensions, aux zones qui semblent “ouvertes” et celle qui semblent “fermées”. 

Prendre conscience du changement

Puis recommencez l’exercice, plus rapidement en repassant sur chacune des zones du corps. Et notez si quelque chose à changé. Si la zone s’est ouverte ou au contraire si elle est toujours tendue.

Si elle est toujours tendue, prenez le temps de respirer en pensant très fort à cette zone. Comme si vous envoyiez votre souffle en sa direction pour la détendre. Qu’est-ce qui tend cette zone selon vous ? Est-ce l’émotion que vous portez ? Respirez à nouveau pour ouvrir cette tension que vous avez noté. 

Lorsque vous vous sentirez prêt(e), ouvrez les yeux. Prenez ensuite le temps d’aller à la rencontre de votre cheval à la vitesse que vous dicte votre corps, pas le temps. Puis notez ce qui vous entoure sur votre chemin, comment vous vous sentez.

Vous devriez rejoindre votre cheval dans un état beaucoup plus décontracté que lorsque vous êtes arrivé. Notez ensuite ce qu’il se passe dans votre corps au fur et à mesure que vous évoluez avec votre cheval. Déjà à pied en le préparant puis lorsque vous serez à cheval (nous en parlerons plus précisément dans le prochain article).

Vous êtes déjà ici dans la gestion de vos émotions car vous vous êtes reconnecté à vous. Vous êtes à nouveau dans votre corps et dans vos sensations. 

Pour mon cheval, mais pas que

Cet exercice est à faire aussi souvent que vous en ressentirez le besoin. Au départ, cela paraît comme une contrainte. On a du mal “à se mettre dedans” les premières secondes. Mais par la suite, on y trouve un réel confort et on se sent “plus avec soi”.

Vous pourrez alors réaliser cet exercice à chaque fois que vous viendrez voir votre cheval. Avec l’habitude vous irez de plus en plus vite.
Vous pouvez également inclure cet exercice dans votre vie quotidienne lorsque vous en ressentez le besoin. Avant un entretien ou une réunion importante par exemple.

Etre bien avec soi veut aussi dire être mieux avec les autres. Vos réactions seront moins vives, vous pourrez prendre plus de recul et faire les choses en fonction de ce dont vous avez besoin vous. Malgré ce que l’on peut penser, cela ne veut pas dire être individualiste et ne penser qu’à soi. Mais plutôt prendre le temps de comprendre ce qui est bon pour nous pour l’exprimer à l’autre et trouver une solution dans laquelle chacun se sent bien.

Je vous laisse méditer là dessus et je reviens avec un prochain article pour faire en sorte d’être encore plus avec soi et donc avec son cheval lorsque l’on est en selle cette fois !

A très vite,