Vaincre sa peur à cheval

Comment maîtriser sa peur en équitation – Les solutions

Comme nous avons pu le voir précédemment, la peur peut être extrêmement handicapante dans votre pratique de l’équitation. Il est donc très important de prendre le sujet au sérieux et de chercher des solutions afin de retrouver un maximum de sérénité et surtout de plaisir !

Je vous conseille (si ce n’est pas déjà fait) de commencer par lire les deux articles suivants avant de lire celui-ci : Pourquoi j’ai peur à cheval ? et Les conséquences de la peur à cheval. En effet, mon premier conseil réside dans le fait de reconnaître sa peur et d’essayer de la comprendre. D’où vient-elle ? Comment se matérialise-t-elle chez moi ? Sans ces premières étapes, il est inutile d’essayer de la vaincre. Vous risquez d’appliquer des principes généraux qui ne sont pas adaptés à votre type de peur.

Une fois ces étapes franchies, et cela peut prendre un petit peu de temps pour se poser les bonnes questions et tout analyser, je vous propose quelques pistes. En effet, tous ces conseils ne fonctionneront pas pour tout le monde, mais certains devraient au moins pouvoir vous aider un peu au quotidien.


Parler de sa peur

Le premier conseil que je peux vous donner est de parler. Vous avez déjà reconnu avoir peur auprès de vous même. Il est maintenant temps d’oser l’exprimer à autrui.

Il est primordial de choisir une personne de confiance et qui a l’expérience nécessaire pour vous aider à avancer. Vous pouvez bien évidemment en parler à vos proches comme vos parents mais il me semble également indispensable que vous en parliez avec votre coach.

Pourquoi parler de ma peur à cheval à mon coach ?

La peur se matérialise de façon extrêmement différente d’un individu à l’autre. C’est donc parfois assez compliqué pour votre enseignant, vos accompagnants, vos amis, de remarquer ce que vous ressentez. C’est l’une des raisons évidentes pour lesquelles vous devez en parler : les autres ne peuvent pas deviner pour vous !

En effet, une fois que votre enseignant aura conscience de votre peur, il pourra essayer de comprendre d’où elle vient dans un premier temps mais également de vous accompagner au mieux pour la limiter et vous rassurer.

Un bon enseignant est doté d’une grande capacité d’empathie et doit donc pouvoir se mettre à votre place et trouver des solutions pour vous venir en aide.

Et s’il ne comprend pas ?

Nous avons tous connus un coach assez peu compréhensif, détestant les élèves qui pleurent et assez mesquin quant à ceux qui exprimaient leurs angoisses. Si c’est le cas concernant le votre, je vous conseille d’en changer…
Fort heureusement, c’est loin de représenter la majorité des enseignants. La plupart prendront en considération cela pour la construction de leurs séances et de leur accompagnement. Il serait alors alors très dommage de ne pas les avoir tenus informés.

De plus, cela vous aidera à progresser à votre rythme, sans augmenter encore cette peur déjà présente.

Avoir peur n’est pas une honte : n’importe quel cavalier, quel que soit son niveau, son expérience, sa discipline, son sexe a déjà eu peur à cheval. Ne croyez pas ceux qui ne le reconnaissent pas. Certains, bien entendu, ont moins souvent peur que d’autres mais la gestion de l’angoisse s’apprend.

Ne vous cachez plus et ouvrez vous afin que les professionnels qui vous entourent puissent vous aider à avancer !

A partir de là, votre enseignant devrait mettre en place un programme pour vous aider à vaincre vos peurs.

Si vous n’êtes pas encadré en permanence, vous trouverez ci-dessous les conseils que je peux vous donner.

Le plaisir avant tout !

C’est un conseil tout bête mais oh combien utile.

Je pense que si vous montez à cheval et que vous vous êtes donné la peine de lire cet article jusqu’ici c’est que vous êtes certainement un vrai passionné d’équitation.

Sachez donc vous rappeler que vous avez choisi ce sport d’abord par passion, envie, amour et que cette première raison doit rester la principale.

Le fait d’imaginer mentalement que l’on ne souhaite plus que notre angoisse prenne le pas sur notre plaisir peut aider à enclencher le programme de désamorçage de la peur.

La volonté humaine est extrêmement puissante, et ce n’est pas moi qui ai inventé le fameux proverbe : « Quand on veut, on peut ».

Comment faire ?

A partir de maintenant, vous refuserez que l’anxiété ne vienne gâcher vos moments privilégiés de partage, de sensation, d’amour, de connexion auprès des chevaux.

Cela ne veut pas dire que vous devez vous faire violence en permanence, ou accepter tous les exercices même ceux qui vous paraissent insurmontables. Mais gardez en mémoire que vous êtes là parce que vous aimez ce sport avant tout et puisez dans vos ressources pour passer petit cap par petit cap.

La représentation mentale

Dans la même veine, votre préparation mentale peut être un atout de taille pour contrôler votre anxiété et surtout pour augmenter votre jauge de confiance en vous !

Il s’agit d’un exercice simple mais très utilisé en préparation mentale. Il suffit de vous imaginer entrain de réaliser au mieux ce qui vous inquiète.

Par exemple, après la reconnaissance de votre parcours, imaginez-vous sur le tour avec toutes les sensations associées qui font que ça se passera bien : le bon galop, les bonnes places, la bonne position, la bonne anticipation du regard, etc.

Vous pouvez décliner cette méthode à toutes les disciplines et à tous les facteurs stressants (mon cheval va être calme aujourd’hui, ma reprise sera très propre, etc).

Qu’est-ce que ça change ?

Le fait de vous projeter sur quelque chose de positif va considérablement vous aider à vous retrouver dans les meilleures conditions possibles pour vous lancer.

Je sais, sur le papier, on n’y croit pas trop. Et pourtant, ça marche ! Après tout, qu’avez-vous à perdre en essayant ? En plus de cela, on sait très bien que l’inverse est vrai. Plus vous angoissez sur un élément précis, plus vous avez de chance de transmettre votre angoisse à votre cheval…

Un autre proverbe pour la route : Qui ne tente rien n’a rien 😉

La respiration !

Très souvent, le cavalier stressé se contracte également car il ne respire plus correctement. Il est alors très important de régler cela pour l’aider à se décontracter d’une part mais également à oxygéner correctement son cerveau qui sera alors plus apte à fonctionner correctement.

Adolescente, je faisais tous mes tours de CSO en apnée (je ne vous explique pas sur les tours les plus longs…) et je sortais, essayant de reprendre mon souffle par tous les moyens possibles et imaginables… C’est extrêmement contre-productif et cela se répercute sur votre cheval qui se crispe forcément.

Mes coachs avaient beau me dire de respirer quand j’entrais en piste, passer le 1 c’était déjà oublié.

Ce qui marche vraiment

Et puis un jour, l’un de mes coachs, lors de ma reconnaissance m’a indiqué les endroits, un à un, où je devais penser à respirer : A l’abord du 1, dans ma courbe, dans mon double,etc. Et ça m’a beaucoup aidée, j’ai pensé à respirer beaucoup plus de fois que d’habitude parce qu’en refaisant mon parcours dans ma tête, je savais exactement quand je devais m’occuper de ma respiration, au même titre que me redresser, remettre du galop ou rééquilibrer mon cheval. (Idem pour les reprises de dressage, les exercices à la maison, etc).

La respiration reste un exercice à part entière, qu’il faut savoir utiliser à bon escient et au bon moment. Dire à quelqu’un de penser à respirer de façon générale n’est pas très utile. L’inclure dans tous les exercices est déjà beaucoup plus efficace !

Limiter les situations dangereuses

Ce conseil semble évident, et pourtant tout le monde ne l’applique pas au quotidien.

Il est pourtant primordial de faire en sorte d’évoluer de la façon la plus sécurisée possible.

Cela peut toucher à énormément de choses comme :

  • La sécurité du terrain sur lequel vous évoluer (qualité du sol, matériel utilisé, porte fermée, etc)
  • Le niveau de vos encadrants (choisir des enseignants diplômés, d’expérience et à l’écoute)
  • Adapter les exercices à son niveau (ne pas aller trop vite, ne pas monter en autonomie si vous n’en avez pas le niveau, ne pas engager en concours au-dessus de ses capacités)
  • Faire en fonction de son cheval (de son niveau, de son état de forme du moment, de son humeur). Il vaut mieux parfois écourter une séance. Demandez de façon précise pour ne pas laisser place aux débordements mais n’insistez pas si votre cheval montre des signes d’indisposition forts (d’autant plus qu’il a peut-être mal quelque part).
  • De votre état de forme : parfois vous serez fatigué, agacé par les choses du quotidien. Vous pouvez choisir de reporter votre séance de travail monté et de la troquer contre un gros pansage et une séance de brouting. Il est inutile de prendre un risque si vous ne vous sentez pas au top de votre forme ! Vous pouvez retrouver plusieurs conseils à ce sujet dans l’article Comment éduquer son cheval ?
Et pourquoi ?

On notera également qu’une mauvaise expérience fait monter l’appréhension d’un cran, alors autant mettre toutes les chances de son côté pour limiter les chutes qui auraient pu facilement être évitées.

Accepter de reculer de trois pas pour avancer de 10

Il est parfois très difficile pour un cavalier d’accepter de repasser aux étapes précédentes, que vous aviez déjà admirablement franchies auparavant. Et pourtant, cela peut s’avérer bien plus positif que de s’obstiner.

Par exemple, si votre peur est associée à la hauteur des barres, acceptez de sauter moins haut pendant un moment pour mieux y revenir par la suite.

Combien de temps ?

Reprendre les bases, se remettre en confiance est extrêmement important pour le cavalier mais également pour son cheval qui pourra alors évoluer de manière plus sereine également. Le lien entre le cheval et son cavalier s’en verra de plus en plus renforcé et leur sera très utile lorsqu’ils seront à nouveau prêts à grimper les échelons. Ils pourront alors se référer à ce qu’ils ont vécu de positif ensemble.
Si vous ne faites pas cela, vous risquez de vous rattacher aux mauvaises sensations du moment et à vous enfermer dans ces fameux cercles vicieux. Cela vous rattrapera et vous serez obligés de repasser par cette étape, simplement vous aurez perdu du temps à vous obstiner à vouloir en gagner… A méditer 😉

Pour résumer, acceptez de descendre le niveau de difficulté de l’exercice pour vous rassurer puis repartir sur de bonnes bases. Prenez le temps qui vous sera nécessaire. Il n’y a pas de règles.

Comprendre que certains chevaux sont plus sensibles que d’autres

Parfois, il peut être utile de changer de monture, pour une séance ou quelques semaines (cela dépend de votre situation).

En effet, le cheval est un animal extrêmement sensible, et il ressent donc l’anxiété du cavalier assez rapidement. Comme pour les humains, il existe des chevaux plus ou moins anxieux. Vous l’aurez compris, il peut être intéressant de se remettre en confiance sur un cheval plus relax que le vôtre pour réapprendre à vous décontracter à cheval et vous réconcilier avec vos sensations d’avant.

Lorsque vous remonterez sur votre cheval, vous pourrez faire appel à ces sensations et vous efforcer de les ressentir à nouveau en mettant en place tout ce que vous arriviez à faire sur un autre cheval (décontraction du bassin, des bras, descente des jambes, accompagnement de la bouche, etc). Ce n’est pas rare qu’il suffise juste d’une seule séance, cela permet aussi au cavalier de reprendre confiance en lui et en ses capacités.

Une astuce ?

Lorsque je sortais beaucoup en concours adolescente, j’ai eu une phase de stress sur tous les oxers car mon cheval avait panaché avec moi sur un oxer en concours (à Lamotte pour faire les choses bien :D). A force de stresser à l’abord, mon cheval s’est mis à refuser tous les oxers que nous abordions. J’en ai discuté avec mon coach de l’époque et il m’a proposé de faire une séance particulière sur un autre cheval. Il m’a fait sauter des oxers bien plus gros que je n’en avais sauté à l’époque.

Une séance m’a suffi ! J’abordais tous mes oxers parfaitement avec MON cheval, et ils me paraissaient ridiculement petits. Je me demandais presque comment j’avais pu avoir peur toutes ces dernières semaines.

Le cerveau est un sacré organe et il est important de savoir l’orienter de la meilleure des façons.

Maîtriser ses réactions

Nous en avons parlé dans un précédent article, mais certains cavaliers, pris par la peur, réagissent de façon brusque voire brutale.

Cette réaction est humaine mais doit absolument être travaillée et contrôlée pour éviter que les chevaux ne payent pour rien.

Ce qu’il se passe à ce moment là c’est que la peur tétanise votre cerveau et donc votre raisonnement et que vous réagissez par reflexe sans faire appel à une réflexion sensée et nécessaire. L’idée est d’interrompre au plus vite ce type de comportement.

Lorsque vous aurez accepté et compris que vous avez ce type de réaction, alors vous pourrez travailler sur le fait que lorsque vous sentez que vous éprouvez de la peur vous devez rester serein et froid dans votre tête.

Et quand je suis surpris ?

Toute la difficulté de cet exercice réside dans le fait que c’est souvent lorsque vous êtes surpris par quelque chose que vous réagissez de la sorte. Cela se travaille et prend du temps mais apprenez à marquer des temps d’arrêts dans vos réactions puis à agir de façon adaptée.

Exemple : mon cheval fait un démarrage ou un écart soudain. Je m’occupe de l’arrêter, de respirer, de calmer le jeu. De le rassurer puis de le remettre aux ordres, dans mon couloir de rênes et entre mes deux jambes. Sans énervement et sans agressivité.

Occuper l’esprit du cavalier de façon permanente

Plus votre esprit sera occupé par de la technique, moins il pourra vagabonder et se focaliser sur vos angoisses.

En effet, lorsque l’on se dit qu’un obstacle vient mal, il vient toujours mal parce qu’on se focalise juste là-dessus. Si vous essayez de vous concentrer sur autre chose (la qualité de votre galop, la rectitude, votre verticalité, etc) vous pouvez décaler vos pensées du négatif. Cela demande beaucoup d’entraînement mais fini par apaiser les idées parasites.

C’est aussi pour cette raison qu’il est très important que votre coach soit averti de votre peur. De lui même, il devrait beaucoup plus vous accompagner à la voix. Vous parler presque sans cesse, et ne pas vous laisser seul à penser dans vos longues courbes. Vous vous concentrerez alors sur sa voix et ses conseils.

Si je suis seul ?

Pour les cavaliers qui montent parfois en autonomie, remplacez vous-même votre coach. Choisissez 3-4 éléments qui vous posent problèmes et concentrez-vous dessus. Répétez-vous dans votre tête (par exemple) : je respire, je garde mes coudes au corps, je regarde loin, j’avance mes mains. Choisissez vos défauts pour vous focaliser toujours dessus. Cela aidera votre mental à se concentrer sur autre chose. Michel Robert utilise beaucoup cette méthode également.

Prendre conscience de ses victoires, même les plus petites

Toujours se rappeler du négatif et ne plus se rendre compte du positif est humain mais problématique. Vous entrez dans une spirale infernale et vous avez l’impression d’être atrocement nul.

Ce n’est pourtant pas le cas, simplement, vous ne faites plus attention à ce qui est bien et réussi. Pensez à tout ce chemin parcouru… Allez un petit effort, je suis sûre que vous en êtes capables !

Il faut savoir aussi se féliciter de temps en temps et ne pas toujours se flageller.

Conclusion 

Vous l’aurez compris, la peur à cheval est un vaste sujet. Nous n’avons parlé dans cet article que de la peur du cavalier mais nous abordons dans un prochain article le sujet de l’anxiété du cheval.

Prendre en considération sa peur et ne pas minimiser le problème est extrêmement important pour pouvoir aller de l’avant et ne pas s’enfermer dans des cercles vicieux.

Sachez également que plus vous monterez à cheval et acquerrez de l’expérience moins la peur fera partie de votre quotidien et surtout plus vous saurez la gérer. Répétez les exercices que vous savez faire souvent, et rassurez-vous sur ce qui est déjà acquis.

Prenez l’exemple d’un cavalier professionnel qui est en concours tous les week-ends depuis des années, la peur ne fait plus franchement partie de son quotidien. Sauf peut-être pour les grosses échéances dont il a moins l’habitude.

En bref,

En revanche, ne perdez pas de vue le fait d’accorder énormément d’importance au fait de ne pas prendre de risques inutiles et de sécuriser aux maximum vos séances. Attention à ne pas tomber dans le travers opposé qui consisterait à oublier totalement le risque lié à chaque geste et à effectuer des tâches de façons machinales.

Un dernier conseil pour la route, changez de coach si vous n’avez pas confiance en lui. La confiance que vous portez à votre entraîneur est indispensable pour vous sentir bien à cheval. Si vous avez des doutes sur ses compétences ou sa capacité d’empathie, passez votre chemin…

J’ai choisi de vous exposer certains conseils dans cet article mais il en existe une multitude. J’ai pour projet de constituer un dossier sur ce thème pour le rendre encore plus complet. N’hésitez pas à me dire si cela vous intéresse.

A très vite,