Ce qui fait le cavalier que nous sommes

Voici le second article du dossier sur la relation cavalier – cheval. La semaine dernière, nous nous intéressions au cheval, et à ce qu’était sa nature profonde indépendamment de l’humain. Pour ceux qui n’auraient pas eu l’occasion de le lire, je vous y invite en suivant le lien juste ici. 

Aujourd’hui, place au cavalier. Nous commençons par reprendre les bases, pour bien comprendre ce qui est propre à chacun afin, dans un second temps, de comprendre ce qui les lie. Ici, nous verrons donc ce qui constitue un cavalier dans son comportement, ce qui fait l’être humain qu’il est et incarne au quotidien.

On pourra distinguer deux grandes catégories de constitution de la personne. Ce qui est propre à lui, à son histoire et ce qu’il projette aujourd’hui à partir de cette histoire. Il y a fort à parier que ces projections soient en réalité également portées sur son cheval. 

Ce qui fait de nous la personne que nous sommes aujourd’hui

Notre histoire

La première chose qui fait que nous sommes “nous” est notre histoire, notre passé, ce que nous avons vécu jusqu’ici. En effet, d’une personne à l’autre, les histoires sont très variées et laissent des marques très différentes. Assez souvent, les épreuves de la vie (qu’elles soient bonnes ou mauvaises), marquent en nous quelque chose, même si c’est parfois imperceptible sur le moment. Cela nous fera réagir d’une manière ou d’une autre, comprendre quelque chose, changer une façon de faire, etc.

L’histoire de notre vie a donc un fort impact sur la personne que nous sommes. Mais cela ne veut pas dire que les choses sont ancrées, figées, condamnées à rester ainsi. Dans l’histoire, il y a aussi le futur et ce qui est mis en place par la suite pour vaquer à d’autres horizons. 

Il n’y a donc rien de définitif ici, la seule chose à comprendre est que l’histoire de chacun, marque d’une façon ou d’une autre sa personne. C’est ce qui fait également la diversité de notre société.

En équitation, notre histoire est partout et est responsable de beaucoup de chose. De nos appréhensions, de nos peurs, mais aussi de nos moments de joie, des choses anodines qui nous rendent heureux avec nos chevaux, etc.

Nos valeurs

Cette seconde notion est très liée à la première. En effet, les valeurs correspondent à ce qui nous tient particulièrement à coeur. Elles nous permettent d’être en phase avec nous même, en adéquation avec quelque chose. Les valeurs se façonnent tout au long de la vie, et peuvent elles aussi changer. Très souvent héritées de notre éducation, ou au contraire en rejet total avec celles-ci, elles sont présentes très vite dans notre vie.

Nos valeurs nous permettent à la fois de nous sentir appartenir à un groupe social, culturel, et également à qualifier les autres. Lorsque quelqu’un semble avoir les mêmes valeurs, on se sent rassuré, on considère cette personne comme quelqu’un de “bien”. Les valeurs sont un ancrage profond. On peut parfois les assimiler à un jugement de ce qui est bien et de ce qui est mal. On a beaucoup de complications à déroger de ces valeurs sans se sentir coupable. Pourtant, elles peuvent elles aussi évoluer en fonction de l’histoire de vie que vous tisserez au fil du temps. 

Si on prend des exemples concrets, en équitation, les valeurs profondes d’un cavalier peuvent être liées au bien-être du cheval, à son respect, à son mode de vie. Par exemple quelqu’un qui dit “Je ne préfère pas faire l’année des 4 ans avec mes chevaux pour les préserver” fait référence à son champ de valeurs. Pour lui, cela fait partie du respect de son cheval et les cavaliers qui voient les choses comme lui font partie de son groupe de valeur. 

Nos conditionnements

Chacune de ces trois notion est liée aux deux autres. Ici le conditionnement fait référence à la fois à votre histoire (ce que vous avez connu jusqu’ici) et à vos valeurs (ce que vous considérez comme bon). Ces conditionnements deviennent parfois tellement forts, que l’être humain n’arrive plus à en sortir et à penser autrement. Le faire ou le voir d’une autre manière lui paraît presque absurde, dénué de sens.

Par exemple, lorsque j’étais cavalière de club, j’étais conditionnée à penser qu’un cheval pouvait vivre heureux en vivant au box H24. C’est l’image que j’avais eu de l’équitation depuis mon plus jeune âge. Mes référents (ici les moniteurs et professionnels du milieu) partageaient cette vision de la vie du cheval. Pour moi c’était donc normal. J’avais du mal à comprendre que l’on trouve ça peu adapté puisque moi je voyais l’équitation comme ça.

Il y a des tonnes de conditionnements dans beaucoup de milieux et le nôtre en regorge. Qui n’a jamais entendu des phrases comme “un cheval de sport au paddock ? Mais non jamais, trop de risques !” ; “On attache bien son cheval dans le box quand on s’en occupe” ; “Dans tous les cas si tu ne sors pas en 130 avant 30 ans, tu n’es pas un cavalier de sport” etc, etc, etc…

Je m’amuse parfois à grossir les traits de notre milieu car ça aide à la compréhension et nous permet aussi d’avoir envie de changer, d’aller chercher autre chose.

Les effets néfastes des conditionnements

Les conditionnements sont responsables d’énormément de blocages chez les cavaliers et nous en sommes tous dotés. Il est important de faire en sorte de s’ouvrir. Par exemple, aller voir ce qui se fait ailleurs, dans d’autres disciplines, dans d’autres sports pour continuer à apprendre, découvrir et progresser. 

Rester coincé dans des visions de notre sport n’est pas toujours très productif. Pour reprendre mon propre exemple, aujourd’hui je ne conçois plus le mode de vie en 100% box. Je me demande même comment je l’ai accepté tant d’années.
On peut tous changer d’avis, évoluer, mais pour cela il faut prendre conscience de ce qui fait référence à nos valeurs ou à des conditionnements appris et qui peuvent facilement être défaits.

Ce que nous projetons sur notre avenir, sur notre cheval

De notre histoire, de nos valeurs et nos conditionnements découlent des objectifs et des attentes que nous projetons pour notre futur. Nous les imaginons pour nous, mais également dans notre cas en tant que cavalier, pour nos chevaux. 

Nos objectifs

Par exemple, lorsque l’on commence l’équitation, nous n’avons pas tous les mêmes buts. Certains sont là uniquement pour se faire plaisir, pour la relation à l’animal, d’autres pour être meilleurs que leurs camarades de cours, d’autres pour gagner des médailles, etc. Il y a autant d’objectifs que de cavaliers. 

En revanche, nos objectifs influencent notre rapport au cheval et notre façon d’être en leur présence ainsi que lorsqu’on les monte. Il y a donc ici une répercussion directe sur nos chevaux.

Elle peut rester très imperceptible pour nous si nous n’y prêtons pas particulièrement attention. Mais elle est pourtant bien réelle. D’ailleurs cela se voit très souvent lorsque des chevaux que vous montez habituellement sont montés par d’autres cavaliers. Les demandes, les intentions n’étant pas les mêmes, les réponses des chevaux sont différentes également.

Nous pensons qu’il est très important que les cavaliers prennent conscience de cela et que c’est une première étape vers le développement de soi et du couple que chaque cavalier forme avec son cheval. Qu’est-ce qui m’appartient ici et qu’est-ce qui est propre à mon cheval ? Comment changer les choses pour qu’elles soient plus en adéquation avec le couple à part entière ?

Nos attentes

La nuance entre objectifs et attentes est assez ténue. Dans tous les cas, le fonctionnement des deux est le même vis-à-vis du cheval. C’est-à-dire que vos attentes vont venir influencer le comportement de votre cheval à vos côtés.

Un objectif est lié à un résultat tangible : une victoire à une compétition, une participation à tel événement, une randonnée à tel endroit, etc.

Une attente est plus orientée vers la réaction et le comportement de l’autre : un cheval calme et sage, une relation complice, un cheval généreux, etc.

Dans les objectifs on pourra lire des émotions associées, mais ce sera certainement encore plus fort lorsqu’il s’agira d’attente. Lorsque vous êtes “dans l’attente” de quelque chose qui n’arrive pas malgré les efforts que vous mettez en place, vous vous retrouvez dans une situation de frustration (le stade supérieur de la colère). Cette même frustration mal gérée, risque de se répercuter sur la relation que vous avez avec votre cheval. Et vous entraîner dans un cercle vicieux, sans solution visible pour vous en sortir.

La première étape réside toujours dans le fait de poser les choses, de prendre du recul. Pour cela il est indispensable de se reconnecter à soi, de prendre le temps de comprendre pourquoi on a ces attentes et ce qu’il se cache réellement derrières elles. Puis viendra le temps de la déconstruction de notre schéma de pensée. On pourra alors revenir à quelque chose de plus en adéquation avec nous et avec notre cheval, indépendamment de nos conditionnements.

Un accompagnement sur la durée

Cela peut encore sembler abstrait. C’est pourquoi il est toujours plus simple de se faire accompagner dans cette démarche et c’est ce que je vous propose. 

J’espère que cet article vous aura plu. Je suis à votre disposition pour toutes vos questions, dans les commentaires ou directement par email privé. 

Dans l’article suivant, on s’intéressera plus particulièrement aux émotions du cavalier. Quelles sont-elles ? Comment se reconnaissent-elles ? Et comment les gérer.

A très vite,