Entretenir ses cuirs c’est aussi respecter son cheval

Respecter son cheval passe aussi par des tâches monotones…

Entretenir ses cuirs n’est clairement pas la partie la plus passionnante lorsque l’on est cavalier. C’est rébarbatif, cela demande du temps et on s’en met un peu partout. Pourtant, c’est une tâche extrêmement importante et qu’il est idéal d’intégrer directement à son planning de cavalier. Longtemps, j’ai moi-même beaucoup rechigné à la tâche et il m’arrive encore de procrastiner à ce sujet. Mais ma façon de voir les choses à considérablement changé depuis que je ne le fais ni pour moi, ni pour mes cuirs, mais pour mes chevaux. Entretenir ses cuirs, et les nettoyer régulièrement est déjà une réelle marque de respect envers nos amis les quadrupèdes. Nous verrons plus tard que cela améliore le confort et leur bien-être au quotidien.
Vu sous cet angle, plus question de ne pas se mettre au travail, n’est-ce pas ? 😉

L’entretien des cuirs consiste à les nettoyer régulièrement et à les nourrir avec différents types de produits en fonction des divers harnachements. Chaque catégorie de matériel nécessite des soins différents et c’est ce que nous allons découvrir ici.

L’entretien du cuir : une multitude de raison de s’y tenir !

Je l’ai déjà dit dans l’introduction, mais clairement entretenir ses cuirs n’est pas notre partie préférée. Pour se motiver, on peut regarder ce que cela apporte et les raisons d’être rigoureux sont nombreuses.


Limiter le risque de blessures

Et oui, des cuirs bien entretenus limitent les risques de blessures. C’est d’autant plus vrai concernant les harnachements directement en contact avec la peau du cheval comme le filet par exemple. Prendre le réflexe d’enlever la crasse laissée par la transpiration et les poils permet d’éviter les frottements à la prochaine application. Vous pouvez également retrouver d’autres conseils pour améliorer le bien-être de votre cheval dans cet article.

Améliorer le confort du cheval et du cavalier

L’entretien des cuirs permet de garder un harnachement souple et dans le meilleur état possible. Une selle devenue très dure n’est agréable ni pour le cavalier, ni pour le cheval (elle est dure sur son dos, et le cavalier se tient mal dedans ce qui augmente l’inconfort). On imagine également qu’une vieille bride toute rigide n’est clairement pas très confortable au contact de la peau du cheval.

Economiser (pour une fois, ne nous privons pas !)

L’équitation est un sport cher. Tout le monde en a conscience et notamment lorsqu’il s’agit de matériel de sellerie, fabriqué dans des matériaux de qualité comme le cuir. Mais la qualité ne fait pas tout ! Vous pouvez acheter le meilleur équipement du monde, si vous ne l’entretenez pas, vous ne le garderez pas longtemps. A la fois il risque de devenir inconfortable mais également beaucoup moins esthétique. Le cuir perd de sa patine à force d’utilisation et seul le fait de le nourrir régulièrement peut palier à ce phénomène d’usure. 

Pour ne pas racheter de matériel trop souvent, prenez-en soin et votre porte-monnaie vous remerciera (votre banquier aussi accessoirement…) !

Favoriser la sécurité

Le dernier aspect (et pas moindres) concerne la sécurité. Le harnachement bien choisi et bien réglé permet une bonne communication entre le cavalier et son cheval. Les cuirs qui ne sont pas entretenus régulièrement sont plus rigides et donc beaucoup plus fragiles et cassants. Les nourrir de façon récurrente permet à la fois de les rendre moins fragiles mais également de vérifier leur usure. C’est en prenant le temps que l’on peut s’apercevoir qu’un montant est fragilisé et prêt à lâcher. Il est alors temps de vous rendre chez votre sellier bourrelier ou votre cordonnier pour renforcer la partie défaillante.

Vous l’aurez compris, entretenir régulièrement ses cuirs est indispensable à une pratique de l’équitation responsable. Respect du cheval et sécurité sont deux facteurs à ne jamais négliger lorsque l’on est un cavalier digne de ce nom. Alors au boulot…

De quoi ai-je besoin pour entretenir mes cuirs ?

Si vous lisez ces lignes, c’est certainement que la première partie de l’article vous aura convaincu. Maintenant que vous êtes remplis de bonne volonté, voici quelques petits conseils pour entretenir vos cuirs au mieux. La première étape consiste à se procurer le matériel nécessaire.


Un grand seau d’eau tiède

Jusqu’ici, tout va bien, ce n’est pas trop compliqué. Il faudra simplement penser à changer l’eau régulièrement.

Deux chiffons propres

Vous pouvez légèrement humidifier l’un des deux avant de l’utiliser

Une éponge végétale

Ca ressemble globalement à ça et vous pouvez vous en procurer en sellerie mais également dans le commerce (où elles sont généralement moins chères). Essayez de les choisir relativement souples pour que l’application soit plus aisée.

Du savon glycériné

Comme son nom l’indique, ce savon glycériné est à base de glycérine. Il permet à la fois de nettoyer le cuir mais également de le graisser et de le nourrir.

Il s’applique à l’aide d’une éponge végétale ou une éponge spéciale légèrement humidifiée dans de l’eau tiède. Entre les applications, pensez à bien rincer votre éponge et à répéter ce geste régulièrement pendant votre nettoyage.

De la graisse à cuir

La graisse permet de nourrir en profondeur les cuirs. Il ne faut l’utiliser que sur des cuirs propres c’est-à-dire après avoir utilisé le savon glycériné et séché les cuirs. Cependant, son usage est beaucoup moins récurrent que celui du savon car elle rend les cuirs assez glissants et surtout peut les ramollir si elle est utilisée trop régulièrement.

L’idée est donc de l’utiliser sur un équipement neuf, puis de temps en temps lorsque vous sentez que votre cuir a besoin d’être nourri en profondeur.

Son application peut être faite directement à l’aide d’un chiffon propre et sec.

De l’huile

On utilise beaucoup l’huile de pied de bœuf par exemple. Elle est un substitut à la graisse et permet elle aussi de nourrir en profondeur. Personnellement, je l’utilise surtout sur mes nouveaux filets ou colliers de chasse et la laisse poser une nuit. Je l’applique à l’aide d’un pinceau, car elle est très fluide.

Du cirage

Le cirage est exclusivement utilisé pour l’entretien des bottes ou des boots. Il permet de redonner de la couleur et de la brillance aux cuirs abîmés. Comme pour la graisse, vous pouvez l’appliquer à l’aider d’un chiffon propre et sec et laisser sécher. Attention, ça sent très fort, je vous conseille de le faire en extérieur et non dans la sellerie.

Comment je m’y prends ?

On peut globalement diviser les cuirs en trois grandes familles :

  • Les cuirs en contact direct avec le cheval (filet, bride, licol, collier, sangle, etc)
  • La selle
  • Les bottes, boots et chaps

J’ai personnellement des manières un petit peu différentes d’entretenir les cuirs en fonction de la catégorie à laquelle ils appartiennent.


Catégorie 1 : Cuirs en contact avec la peau du cheval

Pour les cuirs en contact avec le cheval, je suis particulièrement rigoureuse. Notamment pour les raisons évoquées plus tôt (éviter les blessures et maximiser le confort).

Nettoyer

Après chaque utilisation (eh oui je sais…)

Je les nettoie. Je peux simplement utiliser mon éponge végétale avec de l’eau tiède ou des petites lingettes (pour le cuir ou pour bébé). Cela me permet de retirer la crasse, la transpiration et les poils collés au harnachement avant que tout ce ragoutant petit mélange ne sèche et ne s’accroche sur le cuir.

Pour ma part, il s’agit de mon filet, mon collier de chasse et ma sangle. Très sincèrement, une fois que vous avez pris le réflexe, ça va vite (3 minutes maxi pour les 3) et ce n’est plus une contrainte. Cela devient un geste automatique comme brosser ses guêtres pleines de sable avant de les ranger.

Nourrir

Une fois par semaine ou tous les quinze jours

Un petit coup de savon glycériné. Ca dépend un peu de la fréquence à laquelle vous montez à cheval mais pas tant que ça. En effet, plus vous montez plus vous sollicitez vos cuirs. En revanche, un cuir rarement utilisé prend la poussière et l’humidité. Il a donc également besoin d’être nettoyé et nourri régulièrement.

Après avoir appliqué le savon avec mon éponge propre et humide, j’essaye de laisser sécher le harnachement à l’air libre et de ne pas tout de suite l’enfermer dans une malle par exemple. S’il est trop humide, je peux le sécher avec un chiffon propre et sec.

Notez que l’eau assèche le cuir, si vous avez eu la chance de passer toute une séance sous la pluie, je vous conseille d’utiliser du savon après la séance ou au plus tard le lendemain. Parce que c’est vrai que pluie + cuirs ça fait quand même deux gros inconvénients de notre sport pour une même journée 😉

Occasionnellement

Un petit coup de graisse ou d’huile occasionnellement ne fait pas de mal. Notamment quand votre matériel est neuf ou que vous le trouvez terne et clair par rapport à sa couleur d’origine. C’est l’idéal également sur les cuirs rigides.

Catégorie 2 : Les selles en cuir

L’entretien de la selle est particulier car elle n’est pas au contact du cheval mais surtout car cela peut la rendre glissante et donc peu stable pour le cavalier. J’ai donc tendance à moins m’en occuper que pour les autres cuirs mais de rester régulière dans son entretien.

Nettoyer

Une à deux fois par semaine

J’utilise une petite lingette pour bébé. Cela me permet d’enlever surtout la poussière et le sable qui sont de grands ennemis des cuirs. De plus, cela nourrit légèrement. Ces lingettes ne font pas glisser le siège et ne gênent pas la monte du cavalier. En revanche, je vous conseille de faire un petit test sous les quartiers pour voir la réaction du cuir. Normalement il n’y a pas de contre-indication, mais mieux vaut être certain.

Nourrir

Une fois par mois

C’est au tour du savon glycériné. Généralement j’insiste surtout sur les sanglons, les quartiers, les étrivières, mais j’ai la main plus légère sur le siège. En effet, qui dit savon, dit glissant…

1 à 2 fois par an

Je ne graisse ma selle que très peu souvent. Certains diront que ce n’est pas suffisant, mais sincèrement j’ai une Equipe en carbone et elle ne semble pas nécessiter de plus de graisse. Elle est déjà assez souple de base donc je ne souhaite pas prendre le risque de la ramollir. Après, c’est à l’appréciation de chacun, à son type de selle et à son état.

Catégorie 3 : Les chaussants en cuir

Les bottes et les chaps nécessitent un entretien un tout petit peu différent notamment car elles ont besoin de cirage.

Nettoyer

Après chaque séance

J’utilise à nouveau mes fameuses lingettes pour bébé (promis, je n’ai pas d’actions). Une fois que j’ai rangé tout mon matériel, je mets toujours un coup rapide sur mes boots et mes chaps avant de les ranger. Ça permet surtout de décoller la crasse et le sable. Si la semelle est pleine de sable, je la brosse également (quoi de plus insupportable que le pied qui glisse de l’étrier à cause du sable sous la botte !)

Nourrir

Une fois par semaine

Comme pour le filet, j’utilise du savon glycériné une fois par semaine pour les nourrir régulièrement. En revanche, jamais de graisse qui risquerait vraiment de trop assouplir le cuir qui est souvent d’une nature différente de celui du harnachement.

Une fois par mois (ou plus)

Je mets du cirage ou de la cire transparente approximativement une fois par mois mais cela dépend surtout de l’état de mes boots. J’avise un peu en fonction. La cire permet vraiment de nourrir en profondeur et de faire briller. Le cirage lui, redonne de la couleur au cuir qui en aurait perdu. C’est recommandé surtout pour le bout des bottes qui perd sa couleur avant le reste. En revanche, je vous conseille d’en appliquer sur toute la chaussure dans un soucis d’uniformité.

En bref,

Il me semble que nous avons bien fait le tour de la question. Certaines personnes trouveront peut-être qu’il est nécessaire de graisser plus, moins, ou différemment. Je vous conseille surtout de tester différentes méthodes et de vous adapter selon votre pratique et la façon dont réagissent vos cuirs.

L’important reste la régularité et le fait d’être attentif à toujours utiliser un harnachement propre et respectueux du cheval.


Alors à vos éponges !